mardi 30 mai 2017

TÉMOIGNAGE : LES EFFETS DE LA BIENVEILLANCE PARENTALE : J-F. Laurent

Comme je suis impatiente d'accueillir Jean François Laurent à Besançon le 7 octobre, je suis heureuse de lire avec vous un sujet qui me tient à cœur. Nous avons des points communs et ça fait chaudoudou de partager.
Les effets de la bienveillance parentale :
Ceux qui me suivent ou me connaissent savent combien je suis attaché à l'éducation restaurative, forme d'éducation ferme et bienveillante qui prend ses sources dans la CNV (communication non violente), la médiation, la gestion bienveillante des conflits, la sanction réparatrice, les chaudoudoux...
Je suis attaché à ces pratiques pour au moins deux publics : celui qui m'a emmené vers ces champs éducatifs quand j'étais directeur d'école, ces enfants HP pour qui cette forme d'autorité est particulièrement adaptée, et tous les autres cohortes d'enfants qui, sans ce type d'éducation, perdent confiance en eux et en leurs capacités au bonheur.
Eduquer ses enfants dans un cadre bienveillant est un apprentissage qui s'installe dans le temps. Il s'agit de modifier ses propres modèles parentaux pour les mettre en pratique avec ses propres enfants ou petits-enfants. Il s'agit de prendre des réflexes différents, d'automatiser des procédures et cela ne va pas de soi. Il est nécessaire comme tout apprentissage de s'entraîner, répéter, conscientiser, modifier, adapter, mesurer... Et cela a des conséquences que je n'avais pas anticipées, mais tellement évidentes et naturelles.
Moi qui prône la pédagogie de l'exemple, j'ai été servi la semaine dernière par une scène vraiment géniale (vue par moi bien sûr) que je vous décris ci-après et que je n'avais pas anticipée :
"Un petit de 16 mois a tendance en ce moment à lever la main et frapper quand il ressent une émotion qu'il ne sait pas traduire autrement. Son grand frère de trois ans et demi, sa maman, sont particulièrement visés et subissent les assauts du poussin. Sa maman, adepte d'une éducation bienveillante, dès que son petit lève le bras et tape l'arrête avec un "stop" puissant et immédiatement le prend dans ses bras, le câline et met des mots sur sa colère, frustration ou autre émotion en formulant des hypothèses. Le petit s'apaise immédiatement et progresse tranquillement vers d'autres solutions d'expression. C'est également plus confortable pour la maman qui ne se sent pas visée directement et n'analyse pas son enfant comme violent ou "désaimant".
Devant mes yeux, il est 9 h du matin, j'observe donc le petit se rendre d'un pas vif près de son grand frère et lever la main sur lui pour lui porter un coup. Réponse immédiate du grand frère : "Stop, on ne fait pas comme cela" et il prend son petit frère dans ses bras et le câline. Petit frère a bien aimé puisqu'il lui a rendu son câlin. Ils sont restés ainsi une quinzaine de secondes dans les bras l'un de l'autre. Le grand frère lui a alors expliqué avec ses mots que lorsqu'on était pas content, on le disait avec des mots et que lui n'aimait pas être frappé, qu'il n'était pas content et que ça lui faisait mal, même dans son coeur."
Scène magnifique où le grand avait modélisé une forme de résolution de conflit par la bienveillance éducative. Se faisant, il a permis au petit de s'apaiser très vite, le câlin permettant au cerveau d'enclencher des neuro transmetteurs type ocytocine, endorphine, dopamine, sérotonine, ce que j'appelle une D.O.S.E. Pour lui-même, la gestion fut rapide, immédiate, efficace, douce et faiblement consommatrice d'énergie négative.
En pratiquant nous aussi comme cela, nous avons servi de modèle à l'enfant. Si on frappe son enfant, on lui apprend à frapper, mais si on câline son enfant, on lui apprend à câliner. Si on résout en bienveillance éducative une transgression de règle, l'enfant fera de même. Ses schémas d'élaboration se modifient.
J'ai pu remarquer également que le tout petit avait compris le pouvoir des câlins. Maintenant, il a pris l'habitude spontanément quand il commence à vouloir lever la main sur autrui ou quand il a levé la main à venir chercher le câlin immédiatement pour s'apaiser, comme une réponse qui lui fait du bien. Ce petit bonhomme est sur le chemin. Il trouve d'autres modes d'expression pour exprimer sa frustration, déception, colère... Et son frère d'autres réponses pour gérer sa relation à son frère.
Vive la bienveillance éducative qui procure et donne confiance aux petits dont on a la charge, leur montre une voie à suivre, mais également à nous éducateurs, parents, grands-parents...


PHOTO DE JEAN-FRANCOIS LAURENT

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