jeudi 13 avril 2017

TÉMOIGNAGE : LA PRÉCOCITÉ AU QUOTIDIEN D'UN JEUNE ÉTUDIANT DE 22 ANS

Je suis actuellement étudiant en deuxième année d’Histoire de l’Art et Archéologie. À l’âge de 17 ans, la psychologue de mon lycée me poussa à effectuer des tests pour détecter une potentielle précocité intellectuelle. Ce qui, vous vous en doutez par l’envoi de ce message, se solda sur une affirmation.
Mes parents en furent informés, et ont continué à m’accorder leur entière confiance et une affection sans pareil. Aussi soulagés soient-ils de pouvoir poser des mots sur mon malêtre lancinant. Néanmoins, malgré le constant soutien et la compréhension de ces premiers, ma vie continua son inlassable chemin dans une « normalité » des plus conséquentes.
Je rentra à l’université, où au delà d’une nouvelle structure d’apprentissage, je commença à goûter à mon indépendance.
Le premier problème que je tiens à développer ici est mon incapacité à avancer au fil des années scolaires. Déjà bien entamé, cette année est ma cinquième année à la fac, pour simplement un Bac + 1 en poche pour l’instant.
Comment l’expliquer ? Premièrement ma difficulté à m’acclimater au système intensif de la fac, où les échéances s’enchaînent irrémédiablement  sous forme d’obligations pour ma part plus prégnantes encore face à l’immensité bibliographique et thématique que nous proposent et offrent les bibliothèques au plaisir du curieux.
L’indépendance citée auparavant est aussi un facteur en lui-même. J’appris à m’émanciper, et à mûrir les réflexions que portent mon être. À savourer les moments tout comme à apprendre de mes erreurs. Cependant, plus les années avancent, plus mon combat est présent pour me faire comprendre d’autrui. Si je peux au moins me satisfaire d’avoir trouver un noyau dur d’amis avec lesquels je peux pleinement m’épanouir, la majeure partie de mes relations restent marquée au fer rouge par l’incompréhension, et le jugement. Sans rentrer dans une liste exhaustive je peux tout de même vous citer quelques exemples. Mon cynisme et mon ton sarcastique tout comme ma prégnante âme informe et enfantine à déroger à des règles me paraissant futiles, me valent un certain nombre de critiques. Il en va d’un registre similaire pour mon besoin intempestif de lire, de connaître de nouvelles choses, de n’être jamais rassasié, de jouir de tout ce que l’on peut m’offrir en des temps accouplés.
Loin de caprices à mes yeux, je me retrouve face à une indifférence, un dédain, lorsque j’essaye, peut-être maladroitement, de m’exprimer. Déjà présent depuis mon enfance, mon instable sensibilité se voit décupler et de plus en plus furibonde, me poussant à des idées noires. Enfin mon agressivité autant verbale que physique s’est de plus en plus installée, me faisant passer pour un être colérique, dangereux, et violent, alors que ne se cache sûrement qu’une solitude appréciée doublée d’un véritable souhait de philanthropie, de respect mutuel et, de gentillesse.
Par ce long monologue, et même si votre association s’attache davantage aux enfants précoces, je tenais à vous faire parvenir succinctement le quotidien d’un post-adolescent qui n’a malheureusement pas pu être pris en charge durant sa scolarité dans le secondaire. Et qui se ronge inlassablement. Si vous ne pouvez me porter une quelconque aide, je le comprendrai tout à fait, et ici n’est pas le but premier. Prenez ce message comme une lettre ouverte pour qu’aucun enfant ne souffre, ou ne soit en position de handicap par rapport à ces qualités primaires, et que le « zèbre » resplendisse autant que les équidés monochromes.

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