TÉMOIGNAGE : ÊTRE SURDOUÉ EST TROP SOUVENT ASSOCIÉ À UNE PATHOLOGIE. Monique de Kermadec
Monique de Kermadec : « Être surdoué est trop souvent associé à une pathologie »
Propos recueillis par Margaux Rambert - Psychologies.com
Ils se sentent souvent en décalage, différents des autres, ont peur
parfois d’être pris pour fous. Pourtant, ils sont surdoués. Un don
exceptionnel qui est parfois, à tort, associé à certaines pathologies :
hyperactivité, trouble borderline, bipolarité... Mais si leur
complexité, leur intensité et le sentiment d’urgence qui les habite peut
déranger, ces trois caractéristiques constituent surtout une grande
richesse. Le point avec la psychanalyste Monique de Kermadec.
Les surdoués font preuve d’une intelligence
exceptionnelle, d’un QI élevé, d’aptitudes extraordinaires… Comment
cette douance peut-elle être perçue comme une pathologie ?
Monique de Kermadec : Certains traits de personnalité de l’adulte
surdoué, lorsqu’ils sont méconnus, peuvent être confondus avec
des pathologies. Les personnes en face des surdoués ont souvent un
sentiment de "trop". Ceci est dû à l’intensité particulière, à la
complexité et la rapidité de la pensée des personnes surdouées. Elles
sont habitées par une urgence à faire, accompagnée d’une certaine
insatisfaction. Cette impatience et cette complexité dérangent,
déstabilisent, mettent l’autre mal à l’aise et peuvent être à l’origine
de diagnostics erronés.
Qu’est-ce qui pose problème dans cette intensité particulière propre aux surdoués ?
Monique de Kermadec : Leurs réactions peuvent paraître excessives
aux autres. Leurs réponses émotionnelles sont amplifiées : ils vont
être hyper contents, hyper tristes, hyper en colère... Leur impatience
peut aussi donner l’impression qu’ils ne tiennent pas en place, qu’il
faut qu’ils aient tout, tout de suite... et donc que ce sont des
hyperactifs. L’intensité se traduit également dans leurs attentes envers
eux-mêmes et envers les autres : ils sont très exigeants, ce qui peut
rendre leurs relations difficiles. Leur entourage peut se sentir
critiqué et penser qu’ils sont obsessionnels. Les surdoués se voient
souvent reprocher de ne pas réagir de manière « normale » et se sentent
donc en décalage. Et comme, contrairement à ce qu’on pense, ce ne sont
pas des personnes imbues et sûres d’elles-mêmes ; à force de critiques,
elles vont se dire que quelque chose ne va pas chez elles.
En quoi la complexité de leur pensée peut-elle être associée à une pathologie ?
Monique de Kermadec : Les adultes surdoués
arrivent à des conclusions de manière différente des autres
et donnent des réponses inattendues, originales, qui peuvent étonner.
Aux yeux des autres, ils ont trop de pensées, réfléchissent trop vite.
Ils ont des intérêts multiples, du mal à se raisonner et semblent vivre
en état maniaque.
Quelle différence y a-t-il entre une personne en état maniaque et un surdoué ?
Monique de Kermadec : La personne en état maniaque ne contrôle
plus ses idées. L’adulte surdoué, lui, peut revenir sur ses pensées, les
critiquer, voire les abandonner. Il maîtrise ce foisonnement d’activité
cérébrale. Sa capacité à percevoir et à arriver à des conclusions
rapides va parfois aussi lui donner des intuitions, qui, là encore,
peuvent être mal reçues. L’entourage va souvent y voir quelque chose
d’un peu surnaturel, le fruit d’une pathologie, plus que d’une
excellente activité du cerveau.
Quelles sont les erreurs de diagnostic les plus fréquentes ?
Monique de Kermadec : Certains surdoués ont été identifiés à tort comme bipolaires, hyperactifs, borderline, obsessionnels compulsifs, Asperger.
Leurs difficultés à avoir de bonnes relations d’amitié peuvent par
exemple donner l’impression qu’ils fuient le monde. En réalité, ils ont
envie d’avoir des relations, mais déçus ou blessés, certains vont se
tenir à l’écart. Ceci peut donner l’impression qu’ils souffrent d’un
trouble profond de la personnalité qui ne leur permet pas d’avoir des
relations harmonieuses. Ceci étant, des surdoués qui ont un syndrome
d’Asperger, ça existe aussi. Des surdoués sont parfois diagnostiqués
borderline. Dans la mesure où ils peuvent douter d’eux et pendant un
temps, adopter un faux self dans l’espoir de se faire accepter,
il est possible de penser qu’ils perdent contact avec eux-mêmes et n’ont
pas connaissance de qui ils sont. Mais le fonctionnement de la
personnalité d’un borderline et d’un surdoué est différent. Être surdoué
n’est pas une pathologie.
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