mercredi 12 avril 2017

TÉMOIGNAGE : ÊTRE SURDOUÉ EST TROP SOUVENT ASSOCIÉ À UNE PATHOLOGIE. Monique de Kermadec



Monique de Kermadec : « Être surdoué est trop souvent associé à une pathologie »

Propos recueillis par Margaux Rambert - Psychologies.com

Ils se sentent souvent en décalage, différents des autres, ont peur parfois d’être pris pour fous. Pourtant, ils sont surdoués. Un don exceptionnel qui est parfois, à tort, associé à certaines pathologies : hyperactivité, trouble borderline, bipolarité... Mais si leur complexité, leur intensité et le sentiment d’urgence qui les habite peut déranger, ces trois caractéristiques constituent surtout une grande richesse. Le point avec la psychanalyste Monique de Kermadec

Les surdoués font preuve d’une intelligence exceptionnelle, d’un QI élevé, d’aptitudes extraordinaires… Comment cette douance peut-elle être perçue comme une pathologie ?  

Monique de Kermadec : Certains traits de personnalité de l’adulte surdoué, lorsqu’ils sont méconnus, peuvent être confondus avec des pathologies. Les personnes en face des surdoués ont souvent un sentiment de "trop". Ceci est dû à l’intensité particulière, à la complexité et la rapidité de la pensée des personnes surdouées. Elles sont habitées par une urgence à faire, accompagnée d’une certaine insatisfaction. Cette impatience et cette complexité dérangent, déstabilisent, mettent l’autre mal à l’aise et peuvent être à l’origine de diagnostics erronés. 

Qu’est-ce qui pose problème dans cette intensité particulière propre aux surdoués ?

Monique de Kermadec : Leurs réactions peuvent paraître excessives aux autres. Leurs réponses émotionnelles sont amplifiées : ils vont être hyper contents, hyper tristes, hyper en colère... Leur impatience peut aussi donner l’impression qu’ils ne tiennent pas en place, qu’il faut qu’ils aient tout, tout de suite... et donc que ce sont des hyperactifs. L’intensité se traduit également dans leurs attentes envers eux-mêmes et envers les autres : ils sont très exigeants, ce qui peut rendre leurs relations difficiles. Leur entourage peut se sentir critiqué et penser qu’ils sont obsessionnels. Les surdoués se voient souvent reprocher de ne pas réagir de manière « normale » et se sentent donc en décalage. Et comme, contrairement à ce qu’on pense, ce ne sont pas des personnes imbues et sûres d’elles-mêmes ; à force de critiques, elles vont se dire que quelque chose ne va pas chez elles. 

En quoi la complexité de leur pensée peut-elle être associée à une pathologie ?

Monique de Kermadec : Les adultes surdoués arrivent à des conclusions de manière différente des autres et donnent des réponses inattendues, originales, qui peuvent étonner. Aux yeux des autres, ils ont trop de pensées, réfléchissent trop vite. Ils ont des intérêts multiples, du mal à se raisonner et semblent vivre en état maniaque.  

Quelle différence y a-t-il entre une personne en état maniaque et un surdoué ?

Monique de Kermadec : La personne en état maniaque ne contrôle plus ses idées. L’adulte surdoué, lui, peut revenir sur ses pensées, les critiquer, voire les abandonner. Il maîtrise ce foisonnement d’activité cérébrale. Sa capacité à percevoir et à arriver à des conclusions rapides va parfois aussi lui donner des intuitions, qui, là encore, peuvent être mal reçues. L’entourage va souvent y voir quelque chose d’un peu surnaturel, le fruit d’une pathologie, plus que d’une excellente activité du cerveau. 

Quelles sont les erreurs de diagnostic les plus fréquentes ?

Monique de Kermadec : Certains surdoués ont été identifiés à tort comme bipolaires, hyperactifs, borderline, obsessionnels compulsifs, Asperger. Leurs difficultés à avoir de bonnes relations d’amitié peuvent par exemple donner l’impression qu’ils fuient le monde. En réalité, ils ont envie d’avoir des relations, mais déçus ou blessés, certains vont se tenir à l’écart. Ceci peut donner l’impression qu’ils souffrent d’un trouble profond de la personnalité qui ne leur permet pas d’avoir des relations harmonieuses. Ceci étant, des surdoués qui ont un syndrome d’Asperger, ça existe aussi. Des surdoués sont parfois diagnostiqués borderline. Dans la mesure où ils peuvent douter d’eux et pendant un temps, adopter un faux self dans l’espoir de se faire accepter, il est possible de penser qu’ils perdent contact avec eux-mêmes et n’ont pas connaissance de qui ils sont. Mais le fonctionnement de la personnalité d’un borderline et d’un surdoué est différent. Être surdoué n’est pas une pathologie. 

La suite sur :

http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Comportement/Articles-et-Dossiers/Adultes-surdoues-comprendre-leur-difference/Monique-de-Kermad 

A lire de Monique de Kermadec : 
L’adulte surdoué. Apprendre à faire simple quand on est compliqué
L'adulte surdoué à la conquête du bonheur. Rompre avec la souffrance (Albin Michel). 

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