Bonjour, professeur des écoles et directrice d'une école primaire de 9 classes, formatrice de stagiaires de l'ESPE ; également responsable régionale de l'AFEP, je suis rééducatrice en écriture depuis 2011 au service des enfants, adultes et des enfants HP (d'où le nom du site)
J'ai complété ma formation en neurosciences et en métapédagogie Upbraining + Je peux donc proposer aux enfants les nouvelles techniques d'apprentissages basées sur les fonctions cognitives et les intelligences multiples.
Soham Gooljar est pongiste au centre national de tennis de table depuis ses 7 ans.
Être surdoué peut être une arme à double tranchant. Les enfants surdoués jouissent d’un système de pensée hors du commun,
mais il peut les jouer des tours. Il existe bel et bien de jeunes
surdoués à Maurice, mais les professionnels notent un manquement au
niveau de l’encadrement.
« Être un enfant HP est une particularité que l’on imagine d’emblée
comme une chance ou un don. Cependant, c’est encore très mal connu à
Maurice. Les comportements liés à la précocité sont parfois mal
interprétés »
« On naît surdoué, on ne le devient pas », fait comprendre Anishta
Gunesee, docteur en sciences de l’éducation & psychologie de la
santé, spécialisation en développement de l’enfant et de l’adolescent.
Elle explique qu’un enfant surdoué est aussi appelé un enfant précoce,
intellectuellement précoce ou encore un enfant à haut potentiel (HP). « Toutefois, les qualifier de précoces revient à dire que ces enfants
seraient simplement en avance et qu’un jour, ils pourraient être
rattrapés par les autres. Ce qui n’est pas le cas », dit-elle d’emblée.
Il est scientifiquement prouvé qu’un enfant surdoué a une intelligence
plus intuitive que raisonnée. Les informations sont traitées plus
rapidement et redistribuées dans toutes les zones du cerveau. « Être un enfant HP est une particularité que l’on imagine d’emblée
comme une chance ou un don. Cependant, c’est encore très mal connu à
Maurice. Les comportements liés à la précocité sont parfois mal
interprétés », dit-elle. Ainsi, les enfants HP ont un parcours semé
d’embûches et d’incompréhension, tant sur le plan social que scolaire.
Les parents et les enseignants ont un rôle crucial à jouer. Selon notre interlocutrice, l’école et les surdoués ne font
généralement pas bon ménage. Dans certains cas, les enseignants
reprochent à ces enfants d’être distraits, des perturbateurs ou des
bavards. « Ils ne travaillent pas en classe et ont des résultats scolaires
médiocres. Leur impatience face à un enseignement qui ne va pas assez
vite et leur aversion pour l’effort et la répétition mettent les adultes
non informés et non préparés à la précocité, sur une mauvaise voie »,
dit-elle. Donc, pour aider ces enfants à vivre leur différence comme une
richesse, il est indispensable que leur entourage les comprenne et les
accompagne. L’objectif est de leur permettre de construire une identité
stable et de s’épanouir, comme n’importe quel autre enfant. On s’attend à ce que l’enfant travaille bien à l’école et à ce qu’il
ait des notes excellentes. Il est inutile de le surcharger. Même s’il
finit par tout enregistrer, cela ne modifie en rien son système de
pensée. En primaire, certains surdoués, qui apprennent très vite, ont
tendance à ne pas travailler. D’autres s’en sortent avec de très bons
résultats. « D’autre part, les enfants surdoués peuvent supporter très
mal l’échec. Pour eux, un 18/20 peut être vécu comme un drame. Au
collège, il semble que les jeunes surdoués parviennent à composer avec
leur intelligence. Ils viennent avec les réponses, mais ils sont
incapables de les expliquer et de les développer », observe-t-elle. En général, certains HP ont des difficultés dans des domaines comme
la psychomotricité, le graphisme, des troubles de l’attention et d’ordre
affectif. Certains ne voient pas l’intérêt de ce que l’enseignant leur
demande, ou ne décodent pas les règles de vie implicites de l’école. « De ce fait, ils répondent à côté voire apportent des réponses
beaucoup trop complexes. Ils s’ennuient et s’agitent. C’est le premier
moment d’alerte », signale-t-elle.
Tests de QI
Dr Anishta Gunesee énumère les signes.D’après Anishta Gunesee, la précocité est généralement diagnostiquée
grâce à des tests effectués chez un psychologue spécialisé. Il est
possible de prendre rendez-vous, dès la troisième année de l’enfant. Les
tests de quotient intellectuel (QI) sont un indicateur important pour
déterminer si un enfant est surdoué ou pas. Il est vivement conseillé de consulter un psychologue aguerri sur le
sujet, car les conditions pour passer le test et l’interprétation des
résultats ont un impact sur l’avenir de l’enfant. La précocité est
généralement définie par un score obtenu au-delà de 130 lors de ces
tests de QI. Ces tests sont internationaux et se déroulent
majoritairement à l’oral. « Le QI ne détermine pas sa personnalité. Être surdoué regroupe le
potentiel intellectuel et la personnalité psychoaffective »,
souligne-t-elle. Selon l’experte, il n’y a aucun test standardisé pour confirmer ou
infirmer une précocité chez l’enfant, à Maurice. « Cependant, dans
certaines écoles privées, la piste des enfants HP est de plus en plus
envisagée. Des bilans sont proposés et des aménagements spécifiques sont
proposés pour les aider. Différents thérapeutes travaillent en étroite
collaboration avec les enseignants pour un réajustement des conduites et
des attitudes à adopter avec ces enfants précoces, notamment à l’école
Safe and Sound Academy à Quatre-Bornes », dit-elle. « Au-delà des signes révélateurs, l’hypothèse d’un haut potentiel
doit être confirmée par un test psychométrique ; les échelles de
Wechsler, WPPSI-IV, WISC V ou WAIS IV, selon la tranche d’âge, sont les
principaux tests de référence, qui devraient idéalement être
systématiquement associés à un test de personnalité », explique
d’Abbadie-Di Betta. Elle dit d’emblée que le test psychométrique a de nombreuses limites
dont celle de ne pouvoir révéler le haut potentiel dans certains cas
(profils hétérogènes, « twice exceptional » présentant des troubles
associés tels dyslexie ou trouble de déficit de
l’attention/hyperactivité, certains états dépressifs ou anxieux). « Le diagnostic doit alors être posé par un consensus de
professionnels ou par la juste interprétation du test et observation
clinique d’un psychologue avisé », ajoute notre interlocutrice.
Isabelle d’Abbadie-Di Betta : « Absence d’une réelle volonté politique »
« La situation des enfants surdoués à Maurice évolue, mais très
lentement, malgré le gros travail de sensibilisation et de formation
effectué depuis 2011 par la Fondation enfants doués (FED) », explique
Isabelle d’Abbadie-Di Betta, présidente fondatrice, membre de Mensa
France. FED, ex-antenne Île Maurice de l’AFEP, Association française pour les
enfants précoces, agréée par le ministère de l’Éducation nationale,
existe activement depuis janvier 2012. C’est aujourd’hui une entité
mauricienne, à part entière à but non lucratif, enregistrée sous la
« Foundations Act 2012 ».
« Il est préférable de remplacer le terme par doué, haut potentiel intellectuel et émotionnel ou “gifted” »
Isabelle d’Abbadie-Di Betta, présidente fondatrice de FED note l’absence d’une réelle volonté politique.
« Il est préférable de remplacer le terme par doué, haut potentiel
intellectuel et émotionnel ou “gifted”. Les enfants doués, surtout très
jeunes, nécessitent beaucoup d’attention, donc de temps et de
disponibilité. Ces besoins sont toutefois incompatibles avec des classes
surchargées ainsi que les ambitions économiques de bon nombre
d’établissements et du système », soutient Isabelle d’Abbadie-Di Betta. D’après la présidente fondatrice, une minorité de professionnels de
l’enseignement et de la santé s’y intéresse sincèrement et se mobilise
réellement pour tenter de faire avancer les choses. Et elle est vite
confrontée à l’opposition de la grande majorité. Cette dernière fait
obstacle à la mise en application de certaines mesures comme la mise en
place d’un module élaboré relatif au sujet dans la formation initiale de
tout enseignant et psychologue ou tout simplement le saut de classe
bien souvent. « Une réelle volonté politique de se pencher sur cette particularité est également absente », fait-elle comprendre. Notre interlocutrice indique qu’à l’échelle mondiale, il est estimé
qu’entre 2 à 5 % de la population serait concernée par cette spécialité
dont seulement 10 % seraient identifiés. Le défaut d’identification
comprend, entre autres, les erreurs de diagnostic. Aussi, le psychologue
peut ne pas suffisamment connaître le sujet. Les préjugés et croire que
cette catégorie d’enfants ne se retrouve qu’au sein de classes
socioprofessionnelles aisées, sont d’autres explications. « Des dizaines de milliers d’enfants et d’adultes ignorent cette
facette de leur identité. Ils ont souvent un vécu douloureux. Par
conséquent, il est difficile de dire le nombre d’enfants surdoués à
Maurice. L’identification demeure ainsi l’axe prioritaire sur lequel les
efforts de tous doivent se concentrer », dit-elle. Environ 450 familles mauriciennes, ainsi que quelques familles
françaises ont contacté l’antenne puis la fondation afin d’être
documentées, conseillées et guidées vers les rares psychologues, qui
peuvent, dans certains cas, poser un diagnostic après passation du test
de QI. FED a pour rôle la connaissance et l’accompagnement des enfants,
adolescents et adultes à haut potentiel intellectuel et émotionnel. Pour
cela, FED s’appuie principalement sur des interventions et des
formations proposées par des professionnels spécialistes du sujet dont
elle organise régulièrement la venue à Maurice. « Malgré cela, l’activité de FED est significativement freinée par
l’absence ou le manque de professionnels compétents et rigoureux pouvant
répondre aux différents besoins spécifiques de cette population qui se
tourne vers elle », fait ressortir Isabelle d’Abbadie-Di Betta.
Shane Salon : un autiste pour qui l’informatique n’a aucun secret
Barry Levinson l’a très bien illustré, en 1988, avec son film Rain
Man, qui réunissait à l’écran deux grands noms du cinéma : Dustin
Hoffman et Tom Cruise. Et comme dans le film, ils sont nombreux les
autistes à être doués de quelque chose. C’est le cas de Shane Salon. Âgé de 18 ans, il est ce qu’on appelle
un autiste non communicant. N’empêche qu’il dispose d’un incroyable sens
de l’observation. À tel point qu’il arrive à écrire sans même qu’on le
lui ait appris.
« Personne ne lui a jamais montré à maîtriser un ordinateur. Et
pourtant, il suffit, de lui donner un ordinateur pour qu’il se
débrouille avec au point de surfer sur la Toile... »
Jennifer et André Salon donnent quotidiennement beaucoup d’amour à leur fils Shane.
« C’est vers l’âge de 3 ans qu’un médecin a confirmé que son fils est
autiste. C’était un choc pour la famille, mais nous avons accepté de
vivre avec sa maladie. Cependant, il nous surprend tous les jours avec
son incroyable intelligence. Il arrive à reproduire fidèlement en écrit
tout ce qu’il voit », explique Jennifer sa mère. Et ce n’est pas tout, l’informatique n’a aucun secret pour le jeune
homme : « Personne ne lui a jamais montré à maîtriser un ordinateur. Et
pourtant, il suffit, de lui donner un ordinateur pour qu’il se
débrouille avec au point de surfer sur la Toile pour y trouver tous les
dessins animés qu’il aime. On n’arrive toujours pas à comprendre comment
il arrive à faire cela, parce que personne ne lui a jamais initié à
cela ! Ses aptitudes demeurent pour nous un vrai mystère. » Cependant, Jennifer voudrait que son fils ait un meilleur encadrement
pour utiliser l’informatique afin de communiquer. « Mon cœur de maman
me dit que Shane pourra tôt ou tard utiliser l’informatique pour
communiquer avec nous. Ainsi nous aurions aimé qu’une personne accepte
de lui montrer comment faire, parce qu’il ne nous écoute pas. »
Soham Gooljar : jeune espoir du tennis de table
Vikram et son fils. Dans la famille, le tennis de table est héréditaire.Soham Gooljar a aujourd’hui 10 ans. Cela fait cinq ans qu’il pratique
le tennis de table et dans sa catégorie, il a tout raflé. Ses
entraîneurs le qualifient d’emblée comme un des surdoués de la
discipline. Soham Gooljar, aujourd’hui 10 ans ! Il s’est mis au tennis de table à
l’âge de 5 ans. C’est Vikram son père, qu’il a l’initié à ce sport :
« Je suis moi-même un ancien pongiste. J’ai remporté plusieurs
compétitions dans le passé et il y a un mois, j’ai remporté une
compétition nationale. J’ai initié Soham à ce sport. Et, à ma grande
surprise, quand il a commencé à jouer, j’ai compris qu’il était doué et
qu’il avait du potentiel », explique Vikram, le père de Soham qui est
policier. Réalisant que son fils est doué, Vikram l’inscrit au Centre national
de tennis de table. « Je n’ai pas eu à convaincre les entraîneurs. Ils
ont vite compris que mon fils avait un sacré potentiel et qu’il
maîtrisait bien les techniques. »
« Je n’ai pas eu à convaincre les entraîneurs. Ils ont vite compris
que mon fils avait un sacré potentiel et qu’il maîtrisait bien les
techniques »
Une fois admis au centre, le père s’est arrangé pour que son fils
puisse vivre à fond sa passion. « J’habite à Pamplemousses, n’empêche
que j’apporte mon fils au Centre national qui se trouve à Beau-Bassin
trois à quatre fois par semaine. Et quand, je ne suis pas disponible,
c’est son grand-père qui l’emmène pour qu’il ne rate pas ses
entraînements. » Et la fréquence des entraînements et son talent ont fini par payer,
parce que Soham a remporté plusieurs compétitions. « Chez les garçons
dans la catégorie poussin, mon fils a pratiquement remporté toutes les
compétitions. C’est une très grande fierté à la fois pour lui et pour
notre famille ! » Par ailleurs, l’exploit est venu il y a deux ans, quand Soham a pu
comme un grand valider son ticket pour les Seychelles. « Il a pu faire
partie de la délégation, qui a eu la chance de se perfectionner lors
d’un stage aux Seychelles. C’était une très belle expérience pour lui
d’autant plus, qu’il n’avait que 8 ans. » Très timide de nature, Soham ne compte pas s’arrêter en si bon
chemin. Malgré son jeune âge, il s’est fixé un objectif. « Je souhaite
participer à plusieurs compétitions dans les années. Mais ma priorité
demeure les Jeux d’Afrique en 2020. J’espère faire honneur au pays ! »,
dit cet élève en Std V à l’école de gouvernement de Calebasse.
Doué pour les études
Selon Vikram, son fils est également doué pour les études. « Il faut
dire que le tennis de table et les études de mon fils sont parfaitement
complémentaires dans le sens qu’il se débrouille aussi bien dans ses
études. La preuve il obtient toujours plus de 80 points dans toutes ses
matières. » Patrick Sahajasen, entraîneur de tennis de table, ne tarit pas
d’éloges au sujet de Soham. « Il a intégré l’équipe du baby ping à 7
ans. Cette équipe regroupe les jeunes pongistes. Mais très vite il s’est
démarqué de ses autres petits camarades, avec son aisance et sa
rapidité. Il s’est alors vu offrir une place dans la prestigieuse équipe
de Baby Ping Elite, qui regroupe le gratin des jeunes pongistes qui
évoluent au sein de l’équipe nationale de tennis de table. » À la question, comment reconnaît-on un surdoué de ce sport, Patrick
répond : « Tout d’abord, l’enfant doit se servir de ses yeux, quand il
se trouve devant une table de Ping-pong. Puis, il doit avoir cette
dextérité et cette rapidité, qui font qu’il est doué. Puis, il y a aussi
la facilité avec laquelle il remporte les compétitions. Et je peux dire
que Soham se débrouille très bien, pour avoir remporté plusieurs
médailles d’or. »
Encadrement adéquat
Cependant, comme dans toute discipline, il ne faut pas non plus
pousser l’enfant à bout, comme l’explique le Français Cédric Rouleaux,
directeur technique national de tennis de table à Maurice. « Comme dans
tous les sports, le surdoué a besoin d’un encadrement adéquat qui va le
faire progresser sans pour autant l’étouffer. C’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup de surdoués sportifs
abandonnent parce que petit à petit ils perdent le plaisir de pratiquer
leurs sports. Dans le cas de Soham, il peut compter sur son père, qui
est lui-même un ancien pongiste. Ce dernier sait faire la part des
choses ! »
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